De quoi parlons-nous au juste…
Pour des raisons évidemment liées à la pandémie et au contexte géopolitique, mais aussi dans l’optique de contrer certains effets négatifs de la mondialisation envers les évolutions climatiques, nos gouvernants et nos territoires s’accordent de plus en plus sur la nécessité de redynamiser notre tissu industriel. Et nous ne pouvons, en tant qu’ingénieur, que partager pleinement ce nouveau courant de pensée !
D’autant plus que, non ! L’industrie française n’est pas moribonde, comme certains ont souvent voulu nous le faire croire, mais elle est pleine d’atouts pour se développer ou se redévelopper.
Encore faut-il qu’elle trouve les talents qui vont contribuer à cette redynamisation, et les ingénieurs font certainement partie des acteurs qui lui sont indispensables. Il faut cependant qu'elle trouve les profils adéquats… et force est de constater que si certains secteurs trouvent facilement des ressources, d’autres moins. Quel est donc le problème ?
Partons déjà du constat que notre univers est de plus en plus « systémique »: j’entends par-là que les objets qui nous entourent, et donc les processus de conception et de fabrication qui vont les « produire », mettent en jeu plusieurs domaines d’expertise, plusieurs disciplines.
Pas gênant me direz-vous puisque, par nature, les ingénieurs possèdent un socle de connaissance pluridisciplinaire, sont totalement polyvalents et ont de surcroît la capacité d’apprendre vite.
Nous y sommes précisément !
Il semble qu’il soit nécessaire aujourd’hui d’aller plus loin et/ou plus vite, car la demande d’expertises croisées est attendue dès la sortie de l’école. En effet, beaucoup de secteurs ont besoin d’ingénieurs aux compétences pointues dans 2 domaines disjoints qui se croisent sur le terrain, cette nécessité étant imposée par les produits et applications qui les concernent.
Et il n’est alors plus question de pluridisciplinarité, mais potentiellement de double spécialité, de cette association native de disciplines complémentaires pour répondre à des besoins concrets de notre monde actuel. A titre d’exemple de double spécialités citons: des ingénieurs à la fois mécaniciens et électroniciens, des spécialistes en sciences de la vie et en intelligence artificielle, des chimistes et biologistes, urbanistes et architectes, automaticien et industrie 4.0, etc.
Ces compétences et cette capacité, notre école les cultive déjà, et je peux dire, à titre d’exemple, que j’étais ravi d’assister tout récemment, au sein du département FIMI (notre 1
ier cycle pour les non-initiés) à une présentation des Parcours Pluridisciplinaires d’Initiation à l’Ingénierie (P2I) qui sont proposés aux étudiants, démonstration de la dimension systémique des métiers de l’ingénieur. Bravo !
Une belle piste de réflexion, à développer probablement au-delà de cet exemple, en favorisant les passerelles dans les parcours de formation. Mais peut-être, nous alumni, et plus particulièrement ingénieurs en activité, avons-nous aussi notre rôle à jouer pour apporter un éclairage sur les besoins concrets de nos entreprises ?
Je vous laisse méditer…