Grande démission : simple prise de conscience, ou plus que ça ?
⇒ Que se cache-t-il derrière cette « grande démission », dite aussi le « big quit » ?
Il s’agit d’une vague de démissions professionnelles qui a commencé aux États-Unis à partir de juillet 2020, à la suite de la crise sanitaire, lorsque des millions d'américains insatisfaits de leur travail ont quitté leur emploi.
Ce phénomène n’est pas resté outre atlantique puisqu’en France depuis fin 2021, le nombre de démissions a atteint un niveau historiquement haut, avec près de 520 000 démissions par trimestre, dont 470 000 démissions de CDI. A titre de comparaison, les fins de CDI au 1er trimestre 2022 sont supérieures de 20% à celles enregistrées à la même période en 2019.
⇒ Comment analyser, comment interpréter ?
En premier lieu, comme toujours, regarder le passé et relativiser. Le taux de démissions est effectivement élevé, mais pas inédit puisque déjà rencontré en 2008. Il ne signifie pas pour autant que les personnes en question ne sont plus sur le marché du travail.
Mais néanmoins, la situation interpelle et amène à poser plusieurs hypothèses, probablement complémentaires. Tout d’abord, le covid n’est certainement pas étranger à cette vague, ayant permis à beaucoup de prendre du recul par rapport aux habitudes, aux modes de travail, et à l’équilibre travail - vie privée. Il a aussi réveillé des inquiétudes, non pas seulement relatives au travail et à la santé des entreprises, mais aussi par rapport aux grandes transformations de notre monde. Et c’est surtout la quête de sens au travail qui semble faire le plus gros score dans les raisons invoquées.
⇒ Et le monde des ingénieurs me direz-vous ?
Il est également touché ainsi que l’ensemble des autres professions, mais le phénomène vient du coup accentuer la problématique du déficit constaté des ingénieurs pour répondre au besoin des entreprises. A titre d’exemple, il manquerait environ 10 000 ingénieurs informaticiens en France selon Numeum, l’association représentative du secteur du numérique.
Un peu plus marquant, cette inquiétude, cette quête de sens gagne aussi les étudiants, témoin cette « manifestation » d’étudiants d’AgroParisTech, lors de la cérémonie de remise des diplômes.
⇒ Mais qu’y pouvons-nous, me direz-vous ?
Nos actions, nos projets… quels impacts peuvent-ils avoir sur cette situation ?
Tout d’abord il faut remettre en avant, encore une fois, l’importance du réseau ! Quand on se «cherche», il est plus facile de dialoguer dans sa «famille» et sa famille insalienne en particulier.
Nous devons aussi offrir davantage d’espaces d’échanges, pas uniquement pour répondre aux questions, mais aussi pour faire en sorte que les discussions apportent un éclairage à tous ceux qui en ont besoin. Au passage, nous avons bien vu, avec les entretiens et les ateliers de la Chaire «Ingénieur INSA, Philosophe en action», l’intérêt des diplômés à dialoguer sur leur travail, les conditions de ce travail et tout simplement le sens à lui donner. Peut-être faut-il trouver un moyen de pérenniser, au-delà de la Chaire, ces opportunités d’échanges ?
Par ailleurs, on voit très bien que cette quête de sens est une préoccupation majeure des élèves-ingénieurs et notre apport à ce niveau doit être significatif. Les expériences des diplômés, leurs vécus sur des cas concrets dans l’entreprise, mais aussi leurs propres questionnements, sont autant d’aides précieuses pour nos jeunes. Nous travaillons à mettre en place des modalités d’échanges attractives et interactives : par exemple, l'opération de parrainage (Connexions INSA).
Et puis certainement, avez-vous d’autres pistes, d’autres idées…
N’hésitez pas à réagir et vous exprimer sur ce sujet, en m'écrivant à president@alumni-insa-lyon.org
Daniel LOUIS-ANDRE, (LY GE 1977)