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Marianne COMPS, (LY-IF 2001): Responsable du Domaine d'Activité Conseil, Groupe ISIA
POUR UN NUMÉRIQUE RESPONSABLE : DE LA PRISE DE CONSCIENCE À L'ACTION RAISONNÉE
Si l'environnement est, selon les derniers chiffres de l'ADEME, l'une des premières préoccupations des Français, le numérique doit s'interroger sur ses impacts environnementaux. Et agir.
Le Numérique Responsable, déclinaison RSE du secteur du numérique
L'omniprésence du numérique au quotidien conduit à redéfinir les modèles de production et de consommation, aussi bien pour les entreprises que pour les particuliers. Aux deux bouts de la chaîne, les métaux rares requis par les équipements sont extraits et recyclés dans des pays en développement dont ils modifient profondément l'économie et le fonctionnement : guerres, exploitation des enfants (Congo), pollution (Chine), appauvrissement en ressources ne sont que quelques-uns des exemples de dérive dont il convient de s'affranchir.
Évolution de l'écosystème
Invisible pour le consommateur, l'empreinte environnementale mondiale du seul numérique équivaut à celle de la France dans tous les domaines. Un développement durable harmonieux ne peut donc se concevoir sans une réflexion sur sa nature et ses enjeux. En 2004, la communauté Green IT se crée. En 2010, la norme ISO 26000 encadre les notions de développement durable et de responsabilité sociétale des organisations à l'échelle internationale. En France, la communauté Lucie et son label s'appuient sur cette norme pour fournir aux organisations des outils de mise en œuvre de leur politique RSE.
Dans un monde où 52 % des citoyens se disent sensibles aux questions d'écologie mais où seuls 27 % le sont aux impacts du numérique en la matière, la prise de conscience doit s'accompagner d'un encadrement législatif et réglementaire. C'est le cas, en France, depuis 2018 et, plus particulièrement, depuis mai 2019 avec l'adoption de cinq mesures par le secrétariat d'État à la Transition Écologique et Solidaire. Le développement du Label Numérique Responsable à destination des entreprises, porté par l'Institut du Numérique Responsable (INR) basé à La Rochelle, est l'une de ces mesures.
Évolution des pratiques
Membre actif dans l'écosystème de l'INR, le groupe ISIA conçoit l'intelligence collective et le numérique comme des outils puissants pour aider les organisations à se transformer avec une approche RSE. La déclinaison de cette démarche RSE au sein du groupe s'est traduite par une série d'initiatives sur le sport santé, la qualité de la vie au travail et le mécénat (en soutenant des organisations telles que le Secours Populaire Français et SOS Méditerranée). En 2019, l'entreprise s'est engagée dans un processus de labellisation Numérique Responsable
La situation actuelle
Par-delà le droit à la déconnexion et les lois sur la protection des données (RGPD), les entreprises se sont engagées dans la voie du bien-être au travail. La prise en compte des impacts environnementaux de leur activité numérique est généralement en retrait.
Pour faire face à la concurrence et répondre aux besoins de leurs clients, de plus en plus de petites et moyennes entreprises dans les prospects et clients d'ISIA, se posent la question de la digitalisation. Ils souhaitent inclure dans leurs Systèmes d'Informations des services numériques diversifiés, de la mobilité à l'IOT en passant par des flux à destination de leurs partenaires et clients.
Si l'impact écologique de la transition numérique peut échapper aux décideurs, ces derniers sont sensibles à l'amélioration du bien-être et de la performance de leurs collaborateurs, notamment par des applications mobiles ergonomiques et centrées sur l'utilisateur.
Concept des 3P – People, Planet, Profit
Sous l'angle du profit, l'amélioration environnementale nécessite un investissement important, par rapport aux bénéfices espérés : formation des salariés, analyses de cycle de vie opérées par de rares experts pour un coût oscillant entre 8 000 € (diagnostic simple) et 20 000 € (analyse comparative des indicateurs environnementaux avec préconisations d'amélioration).
Invitée au 21e Label National Territoire, Villes et Villages Internet, ISIA s'est rendu compte de la méconnaissance des élus en matière d'actions concrètes, de leur mise en œuvre et de leurs limites, par-delà le mythe de la « Smart City » et du tout-digital.
L'organisation d'ateliers par Isia avec l'ensemble de ses collaborateurs a permis de se rendre compte de l'intérêt pour l'approche RSE et les impacts écologiques directs liés au développement de services numériques, mais aussi de la relative lenteur d'une mise en œuvre qui s'intègre dans chacune des étapes du cycle de production logicielle.
Concept des 3P – People, Planet, Profit : un modèle où la performance économique s'accompagne de performances sociales et environnementales.
L'avenir : perspectives et nécessaire vigilance
L'approche Numérique Responsable est neuve et peut déconcerter. Une approche pédagogique est indispensable avec des exemples concrets et des données chiffrées.
Une démarche d'éco-conception, respectueuse de l'impact environnemental et de la dimension humaine d'un service numérique, doit s'accompagner d'une réflexion sur l'utilité du service numérique pour le plus grand nombre (IA pour connaître l'hygrométrie d'une plante vs IA pour détecter les cellules cancéreuses). Les techniques comme l'UX Design peuvent dès à présent donner des outils concrets pour favoriser la sobriété numérique.
Le récent intérêt pour les Data Center est particulièrement significatif. Ce sont les équipements qui ont le plus amélioré leur PUE (Power Usage Effectiveness). Même si elle représente encore de 200 à 300 TW/h par an, leur consommation énergétique a été optimisée. Il est permis toutefois de s'interroger sur une boulimie de données qui restreindra les effets de cette optimisation.
L'effet Rebond, ou paradoxe de Jevons, compense en effet les économies de ressources dues à l'utilisation d'une nouvelle technologie par l'adaptation du comportement de la société vis-à-vis de la technologie.
La vigilance est donc nécessaire, d'autant plus que la multiplication des objets connectés qui repoussent les limites de la Tech For Good et le déploiement de la 5G ne seront pas sans impact, dans la mesure où des études prévoient une progression de 22 à 50 milliards d'unités à l'horizon 2030 et où le passage de la 3G/4G à la 5G nécessitera le remplacement des antennes et des terminaux et s'accompagnera d'une croissance de la consommation des données mobiles de 40 à 50 % par an.
Le numérique semble être autant une opportunité pour la planète -moins de déplacements, meilleures utilisations des ressources disponibles- pour les personnes -formations/connaissances disponibles partout, impact sur la santé -détection et soin des maladies- que pour les entreprises -nouveaux moyens de consommer, de produire- qu'un risque par l'impact sur l'environnement que ce secteur génère. C'est une question complexe qui se pose à la Société dans son ensemble. Une approche systémique semble inévitable pour arriver à identifier et mettre en œuvre collectivement les actions qui permettront d'y répondre. |
Marianne COMPS
Première ESN française à s'être engagée dans la labellisation « Numérique responsable », ISIA s'appuie sur un collectif de 120 collaborateurs engagés dans une démarche RSE. L'ambition de l'entreprise est de mettre le numérique au service d'enjeux majeurs du monde de demain tels que la transition écologique et la santé. Convaincue de la puissance de l'intelligence collective, ISIA s'appuie au quotidien sur des techniques de travail collaboratif qu'elle met en œuvre pour accompagner des entreprises de tous secteurs dans le conseil et l'écoconception de solutions numériques durables et responsables.
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